ADOLAND
2014-2017
Réalisée entre 2011 et 2016, la série ADOLAND prend pour théâtre d’opérations la chambre d’adolescent. Caroline Hayeur a activé un va-et-vient dans le temps au travers de l’adolescence actuelle ou passée vécue par ses «modèles».
D’un côté, elle fait la rencontre de plusieurs adolescents d’aujourd’hui qui lui ouvrent la porte de leur antre. Lieu de projection de soi, de construction et finalement d’affirmation et d’émancipation, cette pièce est une réserve intarissable de récits que les complices de l’artiste acceptent de dévoiler.
D’un autre côté, elle fait témoigner des adultes sur leur jeunesse et accède à des souvenirs plus ou moins enfouis. Au fil de la recherche, il s’avère que la chambre de plusieurs de ces ex-ados est préservée comme un mausolée où le décor et ses artefacts font désormais partie d’un patrimoine familial intouchable. Chaque parent fait à sa façon son deuil du départ de sa progéniture.
Dans la même période (2011-2014), Caroline Hayeur a vu ses propres adolescents quitter le foyer. Du personnel, elle élargit le point de vue avec ADOLAND. Archéologie de différentes époques, mais du même passage à l’âge adulte, la chambre d’ado est un terreau fertile pour la photographie.
Langage Plus, centre d'art actuel, Alma, 2017 © Caroline Hayeur
Si l’adolescence est une période située avant l’âge de vingt ans, le concept d’adulescence a été créé pour traiter du phénomène de fusion entre adolescence et âge adulte. L’adulescence se prolongerait jusqu'aux alentours de 30 ans. Ainsi, l’âge des modèles-ados de la photographe varie de 11 à 57 ans. La plupart des « chambres» photographiées se situent dans le Grand Montréal, mais également dans d’autres régions du Québec.
ADOSPHÈRES. Les points de vue retenus ici nous font accéder à une multitude de mondes personnalisés. On n’échappe pas au cliché des chambres d’enfants ou d’adolescents : débordements, accumulations, désordres en tous genres pour mieux marquer son territoire. Sans chercher la scène décalée ou l’image-choc, la photographe nous fait entrer dans la chambre d’adolescences ordinaires vécues au Québec. D’un intérieur à l’autre, les participants nous dévoilent la chambre-atelier, la chambre-débarras, la chambre-mausolée, etc.
Vernissage, Maison de la culture de Côtes-des-Neiges, Montréal, 2014 © Sophie Bertrand
Vernissage, maison de la culture de Longueuil, 2017 © Caroline Hayeur
La découverte de ADOLAND se fait selon un parcours composé de trois stations:
HORIZONS. La série de 30 portraits est présentée sous la forme d’une ligne de temps où les « modèles » apparaissent du plus jeune au plus mature. Portrait unique ou portraits de la même personne, étalés sur plusieurs années, portraits de quatre adolescents d’une même famille, les tirages photographiques empruntent plusieurs formats. Deux partis pris formels distinguent cette série des expositions précédentes. Premièrement, les contours de couleur imprimés directement dans les tirages dialoguent avec les contenus des scènes captées. Ensuite, les citations placées en contrebas de chaque portrait sont issues d’entrevues réalisées en marge des prises de vue; elles apportent une dimension narrative.
Extraits:
« Ma chambre chez mon père je l’aime parce qu’elle est vraiment petite, j’peux me sentir en sécurité. C’est un lieu où j’aime être toute seule. C’est comme un p’tit coin où j’peux me reposer quand j’ai pas envie d’interagir avec du monde, j’vais là pis je me sens “refermée”. Chez ma mère, c’est vraiment autre chose, ma chambre est un lieu social. J’peux inviter des amis, c’est vraiment plus grand, j’peux décorer plus. Mes deux chambres sont tellement différentes que j’peux pas avoir de préférence. Ça dépend comment je me sens. »
— Pétronille, 14 ans, Montréal
« J’ai une grosse boîte pis ça s’appelle ma chambre chez mes parents. Tout est là, y’a tellement d’choses! Depuis que j’suis parti, j’ai jamais osé faire le ménage, c’est ma mère qui s’en occupe. Et même y’a des choses qu’elle rajoute comme mes diplômes qu’elle a laminés. Si tu veux faire une expo sur ma vie t’as juste à venir ici et fouiller. »
— Jocelyn, 29 ans, Saint-Hubert
Centre d'exposition d'Amos, Amos, 2016 © Caroline Hayeur
MOUVEMENTS. Aux tirages photographiques exposés s’ajoute une série de vidéos où la notion du portrait est aussi explorée. Lors des rencontres avec les ados et ex-ados, l’artiste a capté une scène vidéo. Les cinq pièces vidéos exposées dans ADOLAND sont traitées en Stop Motion (animation image par image): Élaine et l’effet libérateur; les agendas comme espace de créativité; Jacqueline et la douce nostalgie; Madame Lebeau et le syndrome du nid vide; Victor et le sens de l’organisation. L’accompagnement sonore dans les vidéos a été créé avec la musicienne Myléna Bergeron (la complice de la photographe dans le duo Les Ying Yang Ladies).
Série de 5 vidéos, Maison de la culture de Côtes-des-Neiges,Montréal, Language Plus, Alma et Centre culturel d'Amos, © Caroline Hayeur
PARTICIPATION. Le troisième élément de ADOLAND est le « babillard ». Celui-ci est digne du format d’un écran de cinéma. L’artiste l’a ponctué de près de 600 photos de petit format : vues des chambres de ses « modèles » (détails, points de vue divers), mais aussi des reproductions de photos de ses propres albums de famille tant de sa propre adolescence que de celle de ses ados. Caroline Hayeur a aussi sollicité ses différents réseaux, comme Facebook pour que sa famille, ses ami-e-s, connaissances et collègues contribuent à ce babillard collectif avec des photos de leur propre adolescence.
Babillard, Maison de la culture de Côtes-des-Neiges, Montréal, 2014 © Caroline Hayeur
En lien avec ADOLAND, Caroline Hayeur réalise des activités de médiation culturelle avec la communauté adolescente. Pour la maison de la culture de Côtes-des-Neiges, elle travaille avec une classe d’accueil de l’École secondaire La Voie. Âgés de 12 à 16 ans, ces nouveaux arrivants ont présenté les fruits de cette mission photographique à la maison de la culture puis à leur école. À Longueuil et Amos, l’artiste conçoit une mosaïque collective avec des classes d’art et technologie.
Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, Maria, 2015, © Caroline Hayeur et Victor Hayeur
Pour sa résidence d’artiste dans le cadre des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, elle part sur les routes de la Gaspésie avec son fils à la rencontre de huit adolescents. Elle confie un iPod à chacun et une mission vidéo à réaliser. Les captations des jeunes s’enchevêtrent avec celles de l’artiste et créent ADOLAND GASPÉSIE — LE FILM, MA CHAMBRE C’EST MON TERRITOIRE, présenté sur la Fabrique culturelle de Télé-Québec.
Activité de médiation avec l'école La Voie de Montréal, l'école La Forest d'Amos et l'école Saint-Jean-Baptiste de Longueuil
MA CHAMBRE C'EST MON TERRITOIRE, © Caroline Hayeur
Avec ADOLAND, on retrouve une nouvelle fois l’intérêt de l’artiste pour le corps social et ici en particulier la question générationnelle et la définition de soi. Qualifiée d’anthropologie visuelle, cette série fait écho à plusieurs projets précédents tels que: HUMANITAS, HABITER – AU-DELÀ DE MA CHAMBRE, HABITER – ICI C’EST CHEZ MOI, MES NUITS BLANCHES ou encore RITUEL FESTIF.
ADOLAND
Description technique:
— Série de 38 tirages photographiques
10 tirages numériques, 51 x 60 cm (20 x 24 po) chaque
26 tirages numériques, 86 x 60 cm (34 x 24 po) chaque
2 tirages numériques, 155 x 60 cm (61 x 24 po) chaque
— Série de 8 tirages photographiques, ADOLAND en Matanie
6 tirages numériques, 220 x 86 cm (86 x 34 po) chaque
2 tirages numériques, 115 x 86 cm (45 x 34 po) chaque
— Série de 9 tirages photographiques, ADOLAND Gaspésie
9 tirages numériques, 220 x 86 cm (86 x 34 po) chaque
— 5 pièces vidéographiques diffusées sur 5 cadres numériques, 15 x 20 cm (6 x 8 po) chaque, 5 écouteurs multicolores
Élaine: Amen, c’est libérateur, 1 min. 59 sec.
Isabelle, Élaine et Élisabeth: Les agendas, 1 min. 38 sec.
Jacqueline: Immigrer c’est comme une seconde adolescence, 2 min. 05 sec.
Madame Lebeau: Ça me rappelle Jocelyn, 1 min. 53 sec.
Victor: Ranger sa chambre, 2 min. 08 sec.
Réalisation, entrevues et images: Caroline Hayeur
Musique et montage sonore: Myléna Bergeron
— Installation photographique sous forme de babillard
Dimensions du babillard: 205 x 732 cm (80 x 288 po)
Murale d’environ 600 tirages photographiques 13 x 18 cm (5 x 7po) et dimensions variables
Diffusion:
2017 – Exposition de groupe, ADOLAND, Les fenêtres qui parlent, Montréal
2017 – Exposition solo, ADOLAND, Langage Plus, centre d'art actuel, Alma
2017 – Exposition solo, ADOLAND, Maison de la culture de Longueuil
2016 – Exposition solo, ADOLAND, Centre d'exposition d'Amos
2015 – Événement, ADOLAND, Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie
2015 – Exposition solo, ADOLAND, Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles, Montréal
2015 – Exposition solo, ADOLAND, ESPACE F, Matane, incluant une résidence d'artiste
2014 – Exposition solo, ADOLAND, Maison de la culture de Côte-des-Neiges, Montréal
ESPACE F-GAM, Matane, 2015 © Caroline Hayeur et Mathieu Savoie
Les fenêtres qui parlent, Montréal
Langage Plus
Maison de la culture de Longueuil
Centre d'exposition d'Amos
Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie
Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles
ESPACES F
Maison de la culture de Côte-des-Neiges